Après avoir dévoré Petit Pays de Gaël FAYE il y a quelques temps, j’ai souhaité approfondir mes connaissances sur le Rwanda et ce titre m’a interpellé lors de ma dernière visite chez Gibert.
Quatrième de couverture:
Cette femme aux pieds nus qui donne le titre à mon livre, c’est ma mère, Stefania.
Lorsque nous étions enfants, au Rwanda, mes sœurs et moi, maman nous répétait souvent : Quand je mourrai, surtout recouvrez mon corps avec mon pagne, personne ne doit voir le corps d’une mère.
Ma mère a été assassinée, comme tous les Tutsi de Nyamata, en avril 1994 ; je n’ai pu recouvrir son corps, ses restes ont disparu.
Ce livre est le linceul dont je n’ai pu parer ma mère. C’est aussi le bonheur déchirant de la faire revivre, elle qui, jusqu’au bout traquée, voulut nous sauver en déjouant pour nous la sanglante terreur du quotidien.
C’est, au seuil de l’horrible génocide, son histoire, c’est notre histoire.
Scholastique Mukasonga rend hommage à sa mère à travers ce livre car elle n’a malheureusement pas pu respecter sa dernière volonté, celle d’être recouverte d’un pagne à sa mort car le corps d’une mère ne se montre pas. Sa mère a été tué à coups de machette au début du génocide rwandais.
Elle nous raconte sa maman, qui ne pensait qu’à la sécurité de ses enfants, leur enseignant des chemins pour fuir, leur cachant de la nourriture dans des endroits inaccessibles, les habituant à marcher dans l’obscurité la plus totale pour s’échapper des militaires en place.
« Si tout lui semblait normal, elle restait longtemps à nous contempler sans rien dire. C’était sa satisfaction de voir ses enfants manger. Elle les avait sauvés de la famine en allant travailler chez les Bagesera pour quelques patates douces, en mettant en culture par son travail acharné une brousse hostile. Chaque jour, elle rusait avec le destin implacable auquel, parce que nous étions tutsi, on nous avait voués. Aujourd’hui encore, ses enfants étaient toujours vivants à ses côtés. Elle les avait subtilisés à la mort. Elle nous regardait toutes les trois, Julienne, Jeanne, Scholastique. Ce soir, nous étions vivants. Il n’y aurait peut-être pas d’autres soirs. »
Scholastique se rappelle sa famille, ces moments privilégiés et ces traditions auxquelles Stefania tenait beaucoup. Ce pays me touche, lui qui a du se reconstruire sur ses ossements.
Quelle horreur, si peu évoquée, je trouve dans la littérature mais aussi dans nos écoles!
Ce livre est d’une telle force.
Les mots sont simples, touchants et impactants à la fois.
Scholastique Mukasonga est conteuse et m’a donné envie de découvrir ses autres livres sans trop tarder.
Merci pour la découverte de ce roman qui a l’air particulièrement fort !
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Oui, il l’est et je le recommande vraiment car le Rwanda, à mon sens, n’est pas assez évoqué.
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Merci pour la découverte, ça pourrait bien me plaire et puis intéressant pour découvrir le Rwanda.
Je note ! 😉
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Avec grand plaisir!
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