Une vie entre deux océans – M.L. STEDMAN

Chronique issue de mon ancien blog de lecture.

Lors d’une promenade à Cultura, lieu de tentation, j’ai aperçu ce livre et j’ai trouvé la couverture attrayante, ce qui m’a poussé à lire la quatrième de couverture, qui m’a définitivement convaincue.

Editions Livre de poche – 528 pages – Octobre 2014

Quatrième de couverture:
Après avoir connu les horreurs de la Grande Guerre, Tom Sherbourne revient en Australie. Aspirant à la tranquillité, il accepte un poste de gardien de phare sur l’île de Janus, un bout de terre sauvage et reculé. Là, il coule des jours heureux avec sa femme, Isabel. Un bonheur peu à peu contrarié par leurs échecs répétés pour avoir un enfant. Jusqu’à ce jour où un canot vient s’échouer sur le rivage. À son bord, le cadavre d’un homme, ainsi qu’un bébé, sain et sauf. Pour connaître enfin la joie d’être parents, Isabel demande à Tom d’ignorer les règles, de ne pas signaler « l’incident ».
Une décision aux conséquences dévastatrices…

Autant vous le dire tout de suite, ce roman est un coup de coeur pour moi. J’ai adoré!

Nous rencontrons Tom, ancien soldat, marqué par la guerre et vivant dans la culpabilité vis à vis de ses pairs décédés. Pourquoi lui a survécu? Quel miracle a bien pu se produire pour qu’il rentre sain et sauf au pays?  Chaque jour pour lui semble être un combat contre ses images d’horreur qui se bousculent dans sa tête. 

Alors lorsqu’il rentre à Point Partageuse, lorsqu’on lui propose un poste de gardien de phare à Janus Rock, île reculé du continent, il saute sur l’occasion, pensant pouvoir faire le vide et avancer.

Il va apprendre à s’occuper d’un phare et à aimer cette nouvelle existence et cette vie d’ermite, bousculée seulement par les visites de deux camarades lui apportant des provisions par bateau. Il consigne dans un journal de bord ce qui se passe sur le phare, ses gestes du quotidien et les événements importants.

Lors d’un retour sur le continent, il fait la connaissance d’Isabel, jeune femme pleine de vie, pleine de sourires et de rêves. 

Ils commencent tout d’abord à s’échanger des lettres, à l’initiative d’Isabel et petit à petit, leur relation devient de plus en plus intime et ils décident de se marier sur le continent quelques temps plus tard. Leur relation est très pure, fusionnelle et sincère. Elle m’a beaucoup touché et je me suis beaucoup attachée à leur couple.

La vie sur un phare ne fait pas peur à Isabel, qui se dévoue corps et âme à son mari et au phare mais un manque se creuse en elle petit à petit: elle souhaite par-dessus tout devenir mère.

Mais la vie va lui jouer un mauvais tour, rappelant au ciel chaque enfant qu’elle tente de mettre au monde et provoquant en elle désespoir, chagrin et envies suicidaires lorsqu’elle se rend au bord de la falaise, où se trouvent les croix de ses enfants, jamais bercés.

Pour cela, lorsqu’un canot s’échoue sur la plage avec à son bord, le cadavre d’un homme et un bébé, lui, bien vivant, elle est complètement bouleversée et supplie son mari de ne pas avertir les autorités, de ne rien consigner dans le journal de bord et de garder cet enfant venu miraculeusement échoué sur leur île, si loin de tout.  Ce choix aura des conséquences sur leurs vies futures, Tom qui aurait tant voulu ne plus vivre dans la culpabilité, sereinement avec sa femme puis Isabel, souhaitant à tout prix devenir mère, quoi que cela puisse lui(leur) en coûter.

Je ne vous raconte pas toute l’histoire pour ne pas vous spoiler mais ce roman est absolument bouleversant. 

Tout d’abord j’ai particulièrement aimé l’écriture de l’auteur, très addictive et poétique.

L’ambiance du phare est omniprésente dans cette histoire et je me suis imaginée ces vagues heurtant les rochers, les falaises, tout le long, ce qui rajoute une dimension dramatique à l’histoire, qui l’est déjà et qui pour le coup s’associe vraiment bien au contexte.

Chaque personnage m’a transporté et m’a ému, particulièrement Tom, dévoué à sa femme et vivant perpétuellement dans une culpabilité désolante et ne cherchant qu’à vivre pour le bien et à sortir de ses cauchemars. 

Isabel est une femme qui m’a beaucoup touché, surtout au début de l’histoire, lorsqu’elle subit ses fausses couches à répétition. Comment ne pas se mettre à sa place? J’ai eu l’impression de les vivre avec elle et j’ai été parfois au bord des larmes lorsque je constatais, comme elle, que chaque grossesse n’aboutissait pas. Elle m’a aussi parfois agacée, notamment vers la fin de l’histoire mais comment ne pas la comprendre dans ses choix et dans ses sentiments? 

Je n’ai pas pu le lâcher et je le conseille fortement, cette histoire, dramatique, certes, est splendide.

Le cinéma s’est saisi de cette histoire incroyable et je ne peux que vous conseiller le film, très fidèle au roman et formidablement interprété par Alicia VIKANDER et Michael FASSBENDER.